Mercredi 29 novembre, l’Institut de Formations Sanitaires a accueilli Walter Hesbeen, infirmier et docteur en santé publique, pour une conférence d’exception sur l’éthique du soin.
Former à l’éthique les étudiants en soins infirmiers
- Permettre aux étudiants de personnaliser leur posture soignante au service des différents types de projet,
- Susciter leur questionnement sur la place de la relation dans la pratique de soin
- Renforcer leur capacité réflexive,
- Nourrir un questionnement éthique,
- Développer la créativité.
Telles étaient les intentions pédagogiques des deux cadres de santé formatrices référentes de la promotion en soins infirmiers de 2e année, Sandrine Collado et Marie-Ange Courtois.
Durant trois heures de conférence, le professeur Walter Hesbeen a répondu à ce défi devant des apprenants en santé (étudiants en soins infirmiers et élèves aides-soignants) et l’équipe pédagogique de l’Institut de Formations Sanitaires captivés par ses propos.
Nuancer la notion de « prendre soin »
Tout en retraçant l’historique de la médecine et des soins, Walter Hesbeen nous invite à élever notre réflexion sur le « prendre soin »
Il distingue « le » soin « des » soins, le « prendre soin » du « faire des soins » : « il ne s’agit pas de les opposer mais de les distinguer. C’est un défi pour les professionnels de la santé qui sont plutôt formés à faire des soins. »
A plusieurs reprises, Walter Hesbeen interpelle les apprenants en santé :
« Donnez-vous l’autorisation d’avoir la tête dans les étoiles, pour éclairer votre pratique, tout en gardant les pieds sur terre. »
« Le professionnalisme ne réside pas dans les actes que vous posez mais dans la manière dont vous les posez pour que la personne soit digne d’intérêt. »
« Faites preuve de sensibilité : que nos sens soient présents dans la relation, voire de ressentir ce qui est vécu par le patient ou le résident. La sensibilité fait la différence entre les robots et les humains que nous sommes. Il n’y a pas de prendre soin s’il n’y pas de sensibilité. »
« Il faut se rendre compte que tout le monde ne peut pas faire des soins, pour faire des soins il faut une qualification. Pour prendre soin, je n’ai pas besoin de qualification, il s’agit d’une intention. Il faut travailler sa disposition au goût de l’humain. »
Walter Hesbeen différencie le malade de sa maladie : « Le malade n’est pas la maladie qu’il a. Les habitudes langagières continuent à entretenir la confusion entre malade et maladie. Les mots qu’on utilise induisent et entretiennent des représentations et entrainent une déshumanisation des services. »
Avec une pointe d’humour, il nous propose d’enlever la lettre « n » du mot « soin ». C’est ainsi qu’il nous partage « dans le don de soin se retrouve aussi le don de soi »
Il aborde également la notion d’humanisme soignant : « le soignant chercher à faire émerger l’humanité de l’autre quel que soit son état, quel que soit son comportement (ne pas réduire l’autre à ce qui nous agace), quel que soit son statut, quelle que soit son histoire ; c’est refuser de stigmatiser l’autre, ne pas le réduire à telle ou telle situation ou à telle ou telle caractéristique, c’est respecter l’autre. Le RESPECT c’est regarder cet autre tout simplement tel un humain. Le respect nous met à l’épreuve de la rencontre, de qui est l’autre »
« PRENDRE SOIN avec PLUS DE SOIN DANS LES SOINS »
Il conclue son intervention par cette démonstration :
« Si chacun vit comme il le peut ce qu’il a à vivre lorsque la maladie surgit ou la dépendance s’installe, alors 5 conséquences sont à considérer ». Elles commencent toutes par : « Il n’y a pas »
- Il n’y a pas de petites ou de grandes maladies
- Il n’y a pas de petites ou de grandes situations de soin car il s’agit de situations singulières
- Il n’y a pas de petits ou de grands actes de soins
- Il n’y a pas de petits ou de grands services de soins
- Il n’y a pas de petits ou de grands professionnels de soin
Des apprenants en santé marqués par l’intervention
Une étudiante à l’issue de la conférence a remercié Walter Hesbeen. Elle a confié qu’elle appréhendait de ne pas comprendre alors qu’elle a trouvé ses propos très intéressants, très enrichissants. Ce qui l’a le plus marquée : « garder la tête dans les étoiles et les pieds sur terre pour avoir un chemin éclairé ».
Pour Ely, élève aide-soignant : « cela nous ramène à l’essentiel, ça nous permet de ne pas dévier dans nos soins, ne pas confondre l’humain et la maladie. »
Magali, élève aide-soignante, explique qu’elle sait mieux distinguer « prendre soin et faire des soins, ce qui va interroger ma pratique. »
Ludmila, élève aide-soignante, reprend les propos de Walter Hesbeen « avoir le goût de l’humain me rassure dans ma pratique de future soignante. »
Pour Aurélie, élève aide-soignante, « malgré les routines dans les services, il faut mettre l’humain dans la prise en soin »
Quant à Rama, élève aide-soignante, elle a été marquée par la notion de la sensibilité, de la 1re fois, « le soignant oublie que c’est la 1re fois pour le patient »
Pour Virginie, étudiante en soins infirmiers : « Cette intervention était passionnante ! Walter Hesbeen a su nous captiver avec un discours dynamique, abordable, avec des exemples concrets, des prises de recul, des questionnements. Je l’ai senti convaincu et concerné par l’importance de nous transmettre ses savoirs et connaissances. Son discours permet de réfléchir à ce qu’on voit, à nos propres actes et à nos choix/futurs choix en tant que soignants. »
Quoi de plus à ajouter…. Peut-être une espérance pour les cadres de santé formateurs : « que les propos de Walter Hesbeen prennent sens pour les apprenants en santé et qu’ils les intègrent dans leur future profession ».