La socio-esthétique :
une discipline au cœur de l’accompagnement

Hnotag Socio Estheticienne Veronique Gomez

Véronique GOMEZ est socio-esthéticienne. Elle intervient à l’hôpital de Tarare en soins palliatifs, SSR et à l’EHPAD La Clairière. A mi-chemin entre soins et mieux être, la socio-esthétique est une pratique professionnelle de soins esthétiques auprès de personnes malades, en souffrance et fragilisées. Véronique revient sur l’importance de son rôle dans l’accompagnement des patients.

Quel est votre parcours professionnel ?

J’avais mon propre salon d’esthétique, puis, un jour, je me suis occupée d’une tante atteinte d’un cancer. J’ai réalisé l’importance des soins esthétiques adaptés aux personnes fragiles. Je me suis également rendue compte de l’impact psychologique de mon travail. Les gens venaient dans mon salon pour retrouver l’estime d’eux même, une certaine revalorisation.

J’ai donc décidé, il y a 8 ans, de passer le Diplôme Universitaire « spécialisation esthétique en milieu médical » pour devenir socio-esthéticienne. Cette formation complémentaire donne les compétences nécessaires à la prise en charge de personnes fragilisées dans le milieu médical et social.

En plus, je fais de la réflexologie plantaire et de l’aromathérapie dont je me sers souvent lors de mes soins ,avec l’accord du médecin.

Quelles sont vos missions auprès des patients ?

Je n’interviens que sur prescription en lien avec les équipes soignantes et médicales.

Lorsque le corps est faible, endolori, on a besoin de recevoir un peu de douceur, de bien-être et de lâcher prise. La socio-esthétique agit sur le bien-être physique du patient, comme pour soulager les effets secondaires de traitements lourds par exemple, mais aussi sur son bien-être psychique. Elle aide le patient à se réconcilier avec son corps, à retrouver sa dignité, à gagner un peu de confiance en lui et à redevenir acteur de sa vie.

La socio-esthétique est un toucher doux, bienveillant, indolore et non médicalisé qui s’adapte aux problématiques de chaque patient (hydratation, massages, soins des mains et des ongles, etc…).

Une séance de socio-esthétique est une parenthèse, une bulle de sérénité. Elle apporte du confort et de l’apaisement au patient. Après une séance de socio-esthétique, les patients agités sont souvent plus calmes et les médecins ont constaté que certaines posologies comme celle de la morphine pouvaient être allégées.

En outre, la socio-esthétique permet de rompre l’isolement et de maintenir un lien social souvent mis à mal par la maladie, le handicap ou la vieillesse.

Quelles sont les qualités nécessaires pour faire de la socio-esthétique ?

En dehors des compétences techniques, il faut des qualités d’écoute, d’empathie, de la disponibilité et de la patience pour créer une relation de confiance et de partage avec le patient ou le résident.

Il faut savoir s’adapter à toute situation et à chaque personne pour répondre à ses besoins de manière individualisée, respecter son choix, et parfois, accepter son refus.

Avez-vous vécu des moments émotionnellement forts ?

Les moments intenses sont nombreux. Il faut être à la fois sensible et solide !
En soins palliatifs, j’accompagne les patients jusqu’au bout et leur décès est parfois difficile à gérer car je mets beaucoup d’empathie dans ma relation au patient et je m’attache. Ma collaboration avec la psychologue de l’hôpital est essentielle pour le « débriefing ». Je fais également du Yoga et de la marche pour garder l’équilibre.

Lorsque je franchis la porte d’une chambre avec mon petit chariot, décoré et très reconnaissable, le sourire du patient me remplit de joie. Les remerciements, les regards, les petits mots comme « vous êtes mon rayon de soleil » sont également d’une grande richesse pour moi.

Au moment du confinement, j’ai rencontré une patiente qui n’avait eu aucun contact avec ses proches depuis plusieurs semaines. Je me suis assise à côté d’elle et avant de faire ma séance, j’ai pris sa main. Je l’ai regardé et je lui ai demandé comment elle allait. Elle s’est mise à me raconter pourquoi elle était là, m’a parlé longuement de sa famille et de son passé. Je l’ai laissé parler. Je tenais toujours sa main et j’ai eu l’impression que ce toucher était comme un courant électrique. Ce jour-là, nous avons vécu un moment particulièrement fort que je n’oublierai jamais.