Le « Dry January » est issu d’une campagne lancée en 2013 en Angleterre pour sensibiliser aux dangers de l’alcool et aux comportements addictifs. Le défi consiste à ne pas consommer d’alcool pendant tout le mois janvier, juste après les fêtes de fin d’année.
Rencontre avec le Dr Marion IMMEDIATO, responsable de l’Equipe de Liaison et de Soins en Addictologie (E.L.S.A) de Tarare.
En tant que médecin addictologue, que pouvez-vous nous dire de « Dry January » ?
Il est important de rappeler que les risques pour la santé d’une consommation d’alcool excessive sont multiples et que près d’un quart de la population française dépasse les recommandations de Santé publique France concernant la consommation d’alcool. Je n’entrerai pas dans les détails mais la consommation d’alcool est à l’origine de plus de 40.000 décès par an en France. Le sujet est donc important et les initiatives pour réduire la consommation sont toujours intéressantes.
Le Défi de Janvier est un moyen idéal pour faire une pause dans sa consommation et revoir sa relation à l’alcool. Cet évènement permet de donner un moment de répit à son corps, à ses finances et de faire le point sur sa consommation.
Il faut seulement quelques semaines pour casser une habitude et cela peut suffire à s’engager dans un rapport peut-être plus modéré et plus sain vis-à-vis de ses consommations à long terme.
Ce mouvement cible tout particulièrement les consommateurs réguliers qui ne souffrent pas de dépendance à l’alcool, c’est-à-dire la majorité de la population.
Quels sont les bénéfices de l’arrêt de la consommation d’alcool sur un mois ?
Les bénéfices sont nombreux et variés. En faisant une pause d’un mois, les consommateurs réguliers vont rapidement sentir les effets positifs sur le plan physique et psychique : humeur plus régulière, sommeil donc plus d’énergie, meilleure capacité de concentration, perte de poids, amélioration des fonctions cardiaques (tension artérielle) et hépatiques…
L’arrêt de l’alcool permet également de faire des économies et pour certains, de découvrir une vie sociale plus équilibrée. Il s’agit de retrouver du plaisir à sortir, se relaxer, voir ses proches… sans y associer l’alcool et ainsi repérer les verres qui ne correspondent pas à un choix délibéré mais plutôt à une habitude.
C’est à chacun de définir ses propres objectifs, et d’en constater les effets. Chaque action, chaque réflexion sur sa consommation est positive. Le plus important avec le fait de faire une pause est surtout de pouvoir en parler, que le défi soit relevé entièrement, ou partiellement, maintenant ou plus tard.
Même si le défi est moteur pour beaucoup, il ne faut pas qu’il devienne source de culpabilité pour d’autres pour qui cette pause est difficilement envisageable. C’est aussi une manière de se jauger vis-à-vis de sa relation à l’alcool et de se découvrir dans la difficulté. Cela peut permettre d’aller plus loin et d’initier un recours aux soins
On a l’impression que « Dry January » est moins mis en avant que « le mois sans tabac », qu’en pensez-vous ?
Cela fait seulement 3 ans que « Dry January » a été lancé en France. Il faut du temps pour que les choses se mettent en place et il faut rappeler que ce mouvement n’est pas porté par les autorités publiques mais par les associations. D’autre part, cette année encore avec la crise sanitaire liée au covid-19, l’actualité était ailleurs.
Même si on en parle moins, les résultats sont prometteurs puisque le taux de participation pour les deux premières éditions ont été un vrai succès. En 2021, plus de 11% des Français se sont lancés le défi.
Il existe une application gratuite « TRY DRY », partenaire précieuse pour vous aider à suivre votre pause sans alcool ou votre consommation en janvier et toute l’année.
Pour que ce mouvement prenne de l’ampleur, il semble important de maintenir cette action tous les ans et ce malgré les difficultés, comme la pandémie cette année par exemple. Alors si vous n’avez pas tenté le défi cette année, nous vous donnons rendez-vous en janvier 2023 pour la quatrième édition !
A l’Hôpital Nord-Ouest, les membres de l’E.L.S.A sont disponibles pour accompagner ceux qui souhaitent relever le défi « Dry January » mais aussi toute l’année alors n’hésitez pas à nous faire signe.
Pour aller plus loin
E.L.S.A Tarare : 04 74 05 33 60
E.L.S.A Villefranche : 04 74 09 24 09
Reportage sur Arte :