Le Dr Carole PIETROPAOLI est infectiologue et coordinatrice du CeGIDD sur HNO depuis 2020. L’équipe a ouvert dernièrement une consultation mensuelle sur l’hôpital de Tarare. L’occasion de s’interroger sur l’origine et le fonctionnement de ce service.
Pouvez-vous nous parler de votre parcours professionnel ?
Je suis infectiologue sur l’Hôpital Nord-Ouest depuis novembre 2016. Dès mon arrivée, mon objectif a été de développer les activités du CeGIDD qui venait de se créer sur l’hôpital. Auparavant, j’ai travaillé à l’hôpital de Trévoux et celui de Bourg-en-Bresse.
Qu’est ce que le CeGIDD ?
Le CeGIDD signifie Centre Gratuit d’Information de Dépistage et de Diagnostic, il est composée de quatre médecins, deux infirmières, une sexologue, une psychologue, une assistante sociale et une secrétaire. Le CeGIDD est totalement anonyme, gratuit et ouvert à tous, même aux mineurs. Il a pour mission de dépister le VIH, les hépatites B et C et toutes les autres infections sexuellement transmissibles comme le chlamydia, la syphilis ou encore le gonocoque.
Mais sa mission ne s’arrête pas au simple dépistage : le CeGIDD dépiste, soigne et a également un rôle de prévention. Nous prescrivons le traitement préventif contre le VIH (la PreP). Ils nous arrivent fréquemment d’intervenir dans les lycées à la demande des infirmières scolaires, ou dans des maisons familiales et rurales, des foyers, etc. Nous organisons également des dépistages en dehors du CeGIDD grâce à l’utilisation de TROD (Test de Diagnostic d’Orientation Rapide) pour le VIH et l’hépatite C.
Quel est le profil de vos patients ?
Il n’y a pas de profil type, tout le monde peut, un jour dans sa vie, avoir besoin d’un dépistage. Il y a des jeunes et des moins jeunes et toutes les catégories sociales sont représentées.
Il y a ceux qui débutent une relation, ceux qui pour de multiples raisons ne se protègent pas ou mal, ceux qui changent de partenaire ou qui ont vécu une relation d’un jour, ceux qui multiplient les partenaires et prennent des risques… Certains patients viennent parce qu’ils ont des symptômes, certains pour être rassurés, d’autres pour un traitement préventif contre le VIH (la PreP).
Pourquoi avoir pris la décision d’intervenir sur Tarare ?
Nous intervenons sur Tarare depuis le mois d’avril à raison d’une consultation tous les mois pour l’instant. Nous savons qu’il y a une demande, avec des possibilités actuelles de dépistage qui restent lointaine pour ce secteur (Villefranche sur Saône, Roanne, Lyon). Nous ne sommes pas en mesure actuellement de créer une antenne du CeGIDD sur Tarare, mais cela est un objectif dans les années à venir. Créer cette consultation permet de se rapprocher de la demande, et de commencer à tisser des liens avec les partenaires de la région.
Comment se déroule une consultation CeGIDD ?
Laurence ou Nadine, nos infirmières prennent en charge les patients et réalisent les tests. Elles font appel aux médecins du CeGIDD ou à un autre intervenant de l’équipe si cela s’avère nécessaire. Les résultats sont donnés en main propre la semaine suivante.
Quelle conclusion aimeriez-vous apporter ?
Pour conclure, je dirais que le CeGIDD a une longue vie devant lui. Le nombre de patients ne cesse d’augmenter. Depuis 2016, nous avons de 10 à 15% de patients supplémentaires chaque année (sauf en 2020 à cause de la crise sanitaire) et beaucoup de jeunes, parfois même de moins de 16 ans.