Le 22 juin est la journée nationale de réflexion sur le don d’organes et la greffe, et de reconnaissance aux donneurs. Dr Florence Gaillard et Bérengère Comby, de la Coordination Hospitalière au Prélèvement d’Organes et de Tissus nous parlent de cet acte de générosité qui sauve des vies chaque année.
Qu’est-ce que le don d’organes et de tissus ?
FG : Le don d’organes et de tissus, c’est lorsqu’une personne accepte qu’une équipe médicale lui prélève un ou plusieurs organes et/ou tissus en vue d’être greffés à des patients atteints de maladie grave, pour lesquels aucune autre solution thérapeutique n’est envisageable.
BC : il faut savoir qu’en 2019, près de 5 900 personnes ont pu être greffées et que plus de 26 000 ont été en attente de greffe. On estime entre 500 et 800 le nombre de patients qui décèdent chaque année à défaut d’avoir été greffés.
FG : La journée nationale du 22 juin est l’occasion de réfléchir au don d’organes et de tissus, se faire une opinion et parler de sa position à ses proches. De son vivant, il faut arriver à se positionner pour qu’au moment du décès, la famille et les proches puissent se positionner en connaissant notre volonté.
Comment faire pour que ma volonté soit respectée ?
FG : En France, la loi indique que nous sommes tous donneurs présumés d’organes et de tissus. Si on est pour le don d’organe, il suffit d’en parler à ses proches afin que notre décision soit respectée. Si on est contre, le principal moyen d’exprimer son opposition est de s’enregistrer sur le registre national des refus, soit en remplissant un formulaire papier, soit sur le site internet www.registrenationaldesrefus.fr. Ce registre est accessible dès que l’on a 13 ans.
Quel est le rôle de L’Hôpital Nord-Ouest de Villefranche-sur-Saône ?
FG : L’hôpital de Villefranche est un centre préleveur et non greffeur depuis 2003. Cela veut dire que lorsqu’un donneur présumé est prêt à être prélevé, nos équipes médicales accueillent les chirurgiens d’autres établissement français qui viennent prélever les organes avant de repartir les greffer sur leurs patients. C’est notre Coordination Hospitalière au Prélèvement d’Organes et de Tissus qui organise et veille au respect du corps du donneur.
BC : De plus, nous pouvons réaliser des prélèvements de cornées (fine membrane à la surface de l’œil) car nos équipes sont formées à ce prélèvement de tissus.
Dans la pratique, comment sont prélevés les organes ?
BC : Lorsqu’un patient est déclaré en état de mort cérébrale, la Coordination hospitalière du prélèvement d’organes et de tissus (CHPOT) est consultée. Si le patient ne présente pas de contre-indication au don d’organes, alors la CHPOT rencontre la famille et les proches pour connaître la position du donneur présumé ainsi que celui de ses proches. S’ils sont en faveur du don d’organes, nous faisons des analyses et des examens pour évaluer les organes, qui seront ensuite proposés par l’Agence de la Biomédecine en vue d’être greffés.
Lorsque les organes ont trouvé receveur, nous allons au bloc opératoire pour le prélèvement. C’est un acte chirurgical qui se fait dans les mêmes conditions que pour une personne en vie et avec le même respect.
Ensuite, la coordination s’assure de la restauration tégumentaire, c’est-à-dire redonner l’intégrité au corps, avant de le rendre aux proches et à la famille.
Enfin, nous restons à disposition de la famille pour les formalités administratives suite au décès et pour lui donner des nouvelles des organes greffés, si elle le souhaite.
Quels sont les organes et tissus que l’on peut prélever ?
BC : Le rein est l’organe le plus prélevé et greffé, viennent ensuite le foie, le cœur, les poumons, le pancréas et les intestins.
FG : En dehors des organes, on peut aussi prélever les tissus. Les tissus concernent les cornées (la face antérieure de l’œil), les vaisseaux (les artères et les veines), les os, les valves cardiaques et la peau.
Quelle est la législation en France ?
FG : Le don d’organes est soumis à une législation dans tous les pays. En France, ce sont les lois de bioéthique.
BC : Il y a 3 grands principes :
- Principe du « consentement présumé » : On est tous donneurs, sauf si on est inscrit sur le registre des refus,
- Gratuité : il ne peut pas y avoir de rémunération en contre partie au don,
- Et anonymat : les proches du donneur ne peuvent pas connaître les receveurs et réciproquement.