Trévoux : nouvelles consultations d’IVG

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Depuis mars 2023, de nouvelles consultations ont vu le jour à Trévoux : des consultations d’orthogénie, rendant ainsi l’accès à l’IVG plus simple et plus rapide.

Rencontre avec Dre Charlotte Cuny et Dre Elise Chaudesaygues, médecins en charge de l’orthogénie à l’hôpital de Trévoux.

Pourquoi et comment avez-vous mis en place des consultations d’orthogénie ?

Dre Elise Chaudesaygues (EC) : Notre volonté est de faciliter l’accès à l’IVG, notamment médicamenteuse, et ainsi améliorer le maillage territorial de cette activité. Dans l’Ain, les plannings familiaux ne réalisent pas de consultation d’IVG et orientent donc leurs patientes vers des professionnels libéraux (médecins ou sages-femmes) ou vers des établissements de santé éloignés. De plus, cela rallonge le délai de prise en charge, ce qui est problématique quand on sait que les semaines sont comptées.

Dre Charlotte Cuny (CC) : Avec Dr Maximilien Revest et Dr Didier Peillon, nous avons amorcé le projet d’ouvrir des consultations d’orthogénie en avril 2022. Je me suis alors formée à l’IVG médicamenteuse avec l’association régionale PLEIRAA (Plateforme d’expertise IVG de la région Auvergne Rhône Alpes). Puis j’ai effectué des journées de stages au service d’orthogénie de l’hôpital de Villefranche. Dre Elise Chaudesaygues a également suivi cette formation, nous permettant ainsi d’assurer une continuité de soins. En parallèle, une convention a été signée avec l’hôpital de Villefranche afin d’assurer la prise en charge des patientes en cas de complications.

Nous avons formé spécifiquement nos deux secrétaires à l’accueil téléphonique et présentiel des patientes. Ce premier accueil est une étape essentielle de la prise en charge. L’objectif est d’accueillir avec bienveillance la demande, de rassurer et d’expliquer les différentes étapes de la prise en charge à la patiente. Nous avons aussi sensibilisé nos équipes infirmières à la pratique de l’IVG, l’accueil de la demande et des patientes, ainsi qu’à la contraception.

Quelle prise en charge avez-vous mise en place ?

EC : Nous avons débuté les consultations d’orthogénie à l’hôpital de Trévoux en mars 2023. Ces consultations s’adressent à toutes les femmes majeures ou mineures souhaitant avoir recours à une IVG ou souhaitant simplement avoir des informations sur le sujet.

A Trévoux, nous réalisons des IVG médicamenteuses jusqu’à 9 semaines d’aménorrhées. Cette méthode consiste à prendre 2 médicament à 24/48h d’intervalle. Cela peut se passer à domicile, comme c’est majoritairement le cas. Mais nous avons aussi la possibilité d’hospitaliser les patientes dans notre service de médecine polyvalente, si c’est le souhait de la patiente ou bien en cas de difficultés psychologiques ou sociales.

Si la patiente est au-delà du délai légal pour l’IVG médicamenteuse, nous la réorientons vers nos collègues de Villefranche pour une IVG instrumentale

Du point de vue de la patiente, quel est son parcours ?

CC : Les femmes peuvent prendre rendez-vous directement en ligne ou par téléphone. Notre secrétariat est joignable du lundi au vendredi de 9h à 17h.

Le jour de la consultation, la patiente se présente à l’accueil de l’hôpital de Trévoux et est accueillie par nos secrétaires pour un entretien confidentiel, afin de mettre à jour le dossier administratif et de rappeler les étapes essentielles.

La patiente rencontre ensuite en consultation, dans une pièce dédiée à cette activité, Dre Chaudesaygues ou moi-même. Nous reprenons les différentes données médicales de la patiente et vérifions, à l’aide de l’échographie de datation, que la patiente est à moins de 9 semaines d’aménorrhée. Enfin, nous expliquons de façon détaillée les étapes de l’IVG médicamenteuse, la prise des traitements, les conseils, la reprise d’un contraceptif. Nous abordons bien sûr au cours de la consultation le vécu de la décision et les émotions associées si la patiente le souhaite.

Si la patiente a besoin d’un temps de réflexion, nous pouvons lui proposer un deuxième entretien. Ensuite, nous lui délivrons les traitements à l’issue de la consultation. Nous lui proposons ensuite un rendez-vous pour la consultation de suivi 2 à 3 semaines après l’IVG.

Si la patiente le souhaite, elle peut rencontrer (par téléphone ou en présentiel) notre conseillère notre conseillère conjugale et familiale avant ou après l’IVG. Cela permet à la patiente un temps de discussion dédié, pour parler de cette décision d’interrompre sa grossesse, du vécu et des émotions associées à cette prise en charge.

Quel bilan faites-vous après 6 mois d’activité ?

CC : Nos créneaux de consultation ont progressivement été remplis. Fin août, nous avions déjà reçu plus de 50 patientes. Nous arrivons néanmoins à assurer des délais de consultation rapides, maximum 72h après l’appel.

EC : Nous sommes agréablement ssurprises que nos patientes reviennent toutes pour leur consultation post-IVG, ce qui est assez rare pour les consultations d’orthogénie. Nous avons d’ailleurs de très bons retours des patientes qui apprécient énormément l’absence de jugement et la bienveillance de toute l’équipe.

Tout cela nous confirme que ces consultations répondent à un vrai besoin de notre bassin de population, la plupart des femmes venant de notre secteur.

CC : D’ici la fin de l’année, Dre Chaudesaygues et moi serons formées pour réaliser des échographies dans le cadre d’IVG. Cela nous permettra de proposer une prise en charge plus complète avec la réalisation des échographies de datation par exemple.

Rappel au délit d’entrave à l’IVG

Le délit d’entrave à l’IVG correspond à toute action ayant pour objectif d’empêcher ou de tenter d’empêcher les femmes d’accéder à l’IVG ou de s’informer sur l’IVG, que ce soit :

  • en limitant l’accès aux établissements qui les pratiquent
  • par la diffusion ou la transmission d’informations mensongères, dans un but dissuasif, sur les caractéristiques ou les conséquences médicales d’une IVG
  • ou en exerçant des pressions ou menaces à l’encontre des personnels médicaux ou des femmes qui souhaitent recourir à une IVG.

Ce délit est condamné par le droit français et passible de deux ans d’emprisonnement et de 30 000€ d’amende.

Dre Charlotte Cuny et Dre Elise Chaudesaygues