Psychologue à l’hôpital :
quand la parole soigne !

Bd Psychologue 2

Bénédicte DANGUIN est psychologue à HNO depuis 2012. Après avoir travaillé à l’EHPAD de la Clairière, elle rejoint en 2016 l’hôpital de Tarare. Elle nous raconte dans cet entretien son métier qu’elle exerce avec passion.

Pourquoi avoir choisi le métier de psychologue ?

C’est l’aspect relationnel et hautement humain qui me plait dans le métier de psychologue. J’aime faciliter les échanges entre le patient, la famille et les différents acteurs du soin. La communication est un élément essentiel dans l’accompagnement.

A l’hôpital, on soigne d’abord le corps du patient, dans ma pratique ce qui m’intéresse, c’est de donner la parole à la personne dans son intégralité et dans toute sa complexité.

La chose la plus importante pour être psychologue est de rester authentique. C’est un métier où on ne peut pas tricher. Je suis très vivante dans mes entretiens : je pose des questions, je demande des précisions, je ris, je note mon étonnement, mes désaccords avec ce qui est dit, je pleure même parfois. C’est ma sensibilité, ma nature et je l’exprime avec l’espoir que l’autre s’engage avec tout autant de sincérité dans le lien.

A quoi ressemble votre journée type sur l’hôpital de Tarare ?

Ma première mission est de prioriser les demandes d’interventions. J’analyse les situations, discute avec les équipes et participe à certaines relèves. Je dois être souple, à l’écoute, m’adapter en permanence et me glisser dans les interstices du planning patient parfois chargé.

Ma double casquette de psychologue hospitalière et psychologue au sein de l’équipe de soins palliatifs me demande de donner du temps à chacun en fonction des besoins.

Enfin, une partie de mon travail repose sur l’accompagnement des familles après un décès, je suis aussi là pour soutenir ce travail de deuil.

Il faut savoir que le seul outil du psychologue, c’est lui-même ! Notre façon de travailler et de nous organiser est inhérent à notre personnalité et, bien sûr, à notre cadre de travail. J’ai la chance de faire mon métier dans un établissement à taille humaine où mon rôle de psychologue est reconnu et apprécié au sein des équipes pluridisciplinaires.

Quel message aimeriez-vous faire passer ?

J’aimerais continuer à développer les échanges avec l’ensemble des professionnels de l’hôpital (soignants, médecins, équipes spécialisées transversales, équipes sociales et de rééducation) mais aussi prendre plus de temps pour faire passer des messages à chacun. L’important n’est pas de convaincre mais de donner à réfléchir et de proposer « des outils ».

Par exemple, pour qu’un patient « agressif » s’apaise, qu’un autre perçu comme « fuyant » s’exprime, il suffit parfois que les professionnels qui les accompagnent comprennent mieux leurs difficultés du moment, leurs angoisses sous-jacentes et adaptent leur façon de les aborder.

Aider une personne à faire sa toilette, oui. Mais il est important de s’attarder sur le « comment on fait ? ». Un regard différent, une voix plus douce, se baisser pour être à la hauteur du patient… Ces petites choses peuvent tout changer et créer un lien de confiance. Sur le papier, c’est une évidence pour chacun d’entre nous. En pratique, j’ai la chance d’avoir plus de temps que d’autres professionnels du soin pour accéder au mal être d’un patient. Je tente donc d’utiliser au mieux ce que je comprends d’une situation pour guider les équipes.

La communication est la clef (qu’elle passe par les mots, le toucher, le regard…). Elle permet d’entrer en empathie, de se comprendre, d’avancer, de s’adapter pour atteindre l’objectif commun : le mieux-être de nos patients.

Quel est le moment le plus fort que vous ayez vécu ?

C’est un métier rempli de tellement de moments intenses.

Je repense toutefois à cette femme de 70 ans que j’avais déjà vu en entretiens plusieurs fois. Pourtant, un jour, alors que je m’apprêtais à sortir de la chambre m’a avoué avoir subi des attouchements sexuels pendant son enfance. Elle n’en avait jamais parlé de sa vie. Pourquoi maintenant ? Elle a alors répondu « je ne sais pas, je pense que j’attendais quelqu’un comme vous ». Elle semblait juste avoir besoin de déposer enfin son vécu, de partager cela avec un autre près à accueillir, de vivre l’expérience de pouvoir mettre en mots, de se sentir soulagée. Par la suite, elle n’a plus jamais abordé ce sujet.

Il se passe parfois des choses difficiles à expliquer. Et c’est dans ces moments, forts et émouvants, qu’on se sent à la bonne place.

Avez-vous un mantra ou une philosophie ?

Ma philosophie se résume en une phrase de Louis PASTEUR : « Guérir parfois, soulager souvent, écouter toujours ! ». C’est cette approche qui me guide chaque jour dans mon travail et que j’aime distiller auprès des équipes. Il faut être pédagogue pour que cette philosophie humaniste soit comprise, intégrée et adoptée.